Calme – Poème de Thich Nhat Hanh

Sur le chemin menant à la lune je me retourne. Je t’aperçois et ne cesse de m’émerveiller sur ta somptueuse beauté, bulle d’eau qui flotte sur l’océan de l’espace immense.

Tu es la terre, tu es la planète verte éclatante et superbe, pourtant si fragile.

Je me découvre en toi, moi qui marche dans la pleine conscience sur le chemin de terre bordé d’herbes fraîches. Mes pieds font une promesse à la terre. Mes yeux embrassent l’heure matinale. Je m’installe dans la paix de l’instant présent.

Les feuilles d’automne tombent et recouvrent le chemin déroulant le tapis de la marche méditative. Hésitant, l’écureuil se cache derrière le tronc de l’arbre, il me considère de ses yeux teintés d’un peu surprise, puis se lance à la cime de l’arbre pour disparaître derrière une touffe de feuilles. Je vois le ruisseau limpide se glisser entre les fentes des rochers blancs. L’eau rit aux éclats, les pin sifflent, ensemble ils célèbrent une matinée de paix. Je vois aussi les lieux de souffrance où les conflits entravent l’homme. Nous nous faisons souffrir les uns les autres et déversons sur la terre la vague déferlante de la discrimination de la haine, de l’avidité, causes implacables de tant de catastrophes.

Les poussins de la même poule se teintent de couleurs différentes et se battent. Les cris déchirants clament l’horreur de la guerre. 

La Terre c’est nous.

Chers frères, Chères sœurs, elle est si belle que j’ai envie de prendre dans les bras toute la planète, de la serrer tendrement contre ma poitrine. Respirons ensemble au même rythme et ramenons le calme dans notre esprit. Nous, les êtres humains, coopérons.

Acceptons nous. Aimons nous car nous aimons la terre, et nous savons que notre amour est le tout, notre amour n’est pas un fragment. Tous ensemble, nous sommes responsables de la planète.

Mes chers frères et sœurs, ce matin, transmettons nous la Vue. Faisons en sorte que prenne forme le grand Amour.

 

Thich Nhat Hanh